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Quand l’Europe perd la tête



Le chiffre. 100, dont une vingtaine en France : c’est le nombre de personnes décédées au début des années 90, d'une variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob, à la suite de ce que l’on a appelé la crise de « la vache folle ». Souvenez-vous, à l'époque, les farines animales qui servaient à nourrir les bovins, étaient fabriquées à partir d'os broyés de bovins malades ou retrouvés morts. C'est ainsi que l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), une maladie nerveuse, dégénérative et mortelle, aussi appelée « maladie de la vache folle », s’est répandue. Problème, la maladie s’est transmise à l’homme sous la forme d'une variante de la maladie de Creutzfeld-Jakob. Les premiers cas sont apparus en Angleterre en 1985, puis en France six ans plus tard.


Le constat. Alors qu’elles étaient interdites au sein de l’Union européenne depuis cette mémorable crise de la vache folle, la Commission européenne vient d’autoriser de nouveau les farines animales pour nourrir les porcs et les volailles. Elles reviennent donc dans les auges et les poulaillers français sous un autre nom : celui de « protéines animales transformées » (PAT). La Commission européenne assure que toutes les précautions sanitaires ont été prises : désormais, ces « protéines animales transformées » viendront uniquement d’animaux en bonne santé, destinés à l’alimentation humaine. Ceci étant, par précaution quand même, sait-on jamais !, les ruminants (bovins, ovins, caprins) restent exclus de cette nourriture.


Que l’on se rassure également ! L’Europe nous garantit que le principe de non-cannibalisme a été acté : des « protéines animales transformées » de porcs ne pourront pas servir à nourrir des porcs, et idem pour les volailles.


Comment cette décision a-t-elle été justifiée ? Par des raisons technico-économiques puisqu’on nous explique qu’il s’agit d’un aliment très riche en protéines, vitamines et minéraux, à un prix défiant toute concurrence. S’ajoute à cela la volonté de s’affranchir de notre dépendance aux protéines végétales importées, à l'image du soja en provenance du Brésil.


La proposition. Cette décision a été prise en catimini, une fois de plus ! Alors que l’on dénonce la malbouffe, que les citoyens veulent revenir à une nourriture saine issue d’une agriculture raisonnée et responsable, que les filières bio sont encouragées, la Commission européenne prend une décision qui va à l’encontre de ces attentes-là. Il faut tout simplement interdire l’utilisation de farines animales ou « protéines animales transformées » (PAT). Et peu importe l’appellation et les mesures sanitaires qui y sont associées pour éviter un bis repetita. C’est du simple bon sens et le seul moyen de mettre fin à la défiance grandissante des consommateurs, particulièrement quand il s’agit de viande, de traçabilité et de stockage.


Photo© Europe 1

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